Contrairement aux idées reçues, en 2015 les Français ont consommé moins de médicaments contre l’anxiété. En dépit d’une année anxiogène, le nombre de boîtes d’anxiolytiques remboursées par la sécurité sociale a baissé de 1,4% par rapport à 2014. Les ventes de somnifères ont quant à elles connu une baisse de 3%. Les Français se tournent vers d’autres méthodes de relaxation, comme la Cohérence Cardiaque.
L’année 2015 a été particulièrement anxiogène. Entre la vague d’attentats qui a frappé la France, le chômage qui poursuit sa progression, les causes de stress n’ont pas manqué. Beaucoup s’attendaient à voir augmenter le nombre de ventes des traitements contre l’anxiété. Elles ont au contraire décliné.
Le Point a publié, dimanche, les statistiques sur les médicaments remboursés traitant l’anxiété. D’après les chiffres de la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés, le nombre de boîtes d’anxiolytiques remboursées par la sécurité sociale a baissé en 2015. Par rapport à 2014, 700.000 boîtes en moins ont été vendues, soit une diminution de 1,4%. Les tranquillisants ne sont pas les seuls à avoir pris ce chemin, pour somnifères la baisse atteint les 3,2%. En revanche, les antidépresseurs inhibiteurs de recapture de sérotonine ne suivent pas cette inversion de la courbe, plus 0,67% pour cette catégorie de traitements.
Une baisse inédite depuis 2010
Cette baisse des médicaments prescrits contre les troubles anxieux est « une très bonne nouvelle », pour le docteur Alain Ducardonnet, consultant santé de BFMTV. « Depuis 2010, ça n’arrêtait pas de monter », rappelle le médecin. Les campagnes d’information y sont sans doute pour beaucoup selon lui. S’ils ont leur utilité dans certains cas, où leur prise ne doit pas excéder les « 12 semaines », sur le long terme, c’est une autre histoire. Ces traitements peuvent donner lieu à de « l’accoutumance, de la dépendance, voire favoriser les troubles de la mémoire et même la démence », prévient-il.
Même son de cloche du côté d’Antoine Pelissolo, chef de service de psychiatrie à l’hôpital Henri Mondor de Créteil. « Cette inversion de la courbe est due aux efforts d’informations et de formations des médecins sur les problèmes que posent ces médicaments. On propose aussi des alternatives », indique-t-il.
Des méthodes alternatives pour gérer l’anxiété
Et la réponse peut très souvent venir de nous-mêmes. Pour François-Xavier Maureau qui est pharmacien, après les attentats, ses clients avaient surtout besoin de dialoguer plus que de se gaver de médicaments. « Les gens ont intégré qu’il y avait un risque et ils vivent maintenant avec ce risque sans avoir forcément besoin d’un médicament », explique-t-il.
Parmi les réponses non médicamenteuses, les médecins recommandent des techniques de relaxation, de l’exercice physique et une bonne hygiène de vie qui font baisser le niveau de stress.
« On apprend à gérer au plan corporel et mental ce type de réactions. Si on veut aller plus loin il y a d’autres formes de thérapies comportementales et cognitives, la méditation qu’on utilise de plus en plus », a expliqué Antoine Pelissolo.
Le docteur Alain Ducardonnet quant à lui, ajoute que le yoga, la cohérence cardiaque et les éléments qui font jouer la respiration « nous font prendre conscience que nous pouvons nous-mêmes nous libérer de cette anxiété ». Il ajoute même que de boire un verre de lait avant de dormir le soir peut être un excellent tranquillisant. De nombreuses applications qui aident à gérer le rythme cardiaque et la respiration existent déjà et devraient pouvoir aider ceux qui veulent combattre leur anxiété. La meilleure solution est tout de même d’en parler à son médecin.
Par M.-C M. avec Caroline Dieudonné et Cécile Costes
Et l’article du Point mentionné :http://www.lepoint.fr/societe/baisse-de-la-consommation-de-medicaments-contre-l-anxiete-en-2015-14-02-2016-2017785_23.php